Mise en contexte: Nous voilà rendus temporairement à Ottawa depuis 6 semaines (déjà!) – Merci Madame Covid! D’une part, j’avoue avoir beaucoup d’anxiété depuis notre évacuation (même difficile à quantifier) et je ne me sens pas très fonctionnelle. J’y vais au jour le jour, et encore. Mais d’autre part, étrangement, mon hamster over-spinne et me shoot plein de doses de créativité. Jusqu’à tout récemment, je n’avais malheureusement pas l’énergie de saisir ces idées, alors je ne pouvais faire autrement que de le laisser spinner au côté de mon anxiété – ce qui faisait que je m’endormais vers 5h-6h du mat, une fois que le hamster et Madame Anxiété prenaient enfin leur tite pause kit kat. Tranquillement, je réussi à transformer cette énergie plutôt en positif, et pour m’occuper l’esprit, j’ai même lancé une nouvelle série #unboxing #withoutabra sur Instagram (allez y jeter un coup d’oeil – vous ferez peut-être de belles découvertes de compagnies québécoises et canadiennes que j’encourage durant cette pandémie – via @queenadaobi).

Donc une longue intro pour vous dire que je suis long overdue pour une de mes chroniques #Abujaserie!
Novembre en bref
Si on récapitule, la chronique dernière, je vous quittais sur des saveurs de Spritz. Fin octobre, j’étais à Rome pour le boulot et bien sûr j’en ai profité pour faire la razzia de produits italianos, du genre prosciutto, formaggio, huile d’olive, truffles & vino! Mais, j’étais vite de retour à Abuja pour savourer un poisson grillé avec les amis et juste à temps pour l’Halloween… une fête que j’aime détester depuis longtemps.

Ensuite, le Jour du souvenir est arrivé, où nous avons souligné les 35 ans de service de notre ami-voisin-collègue dans l’armée canadienne.

Igwe et moi avons continué d’explorer Abuja et bien sûr de manger du suya! Les décorations et lumières de Noël s’installaient déjà tranquillement dans les centres d’achats. Dès la fin novembre, une série de marchés de Noël se planifiaient également, à mon grand bonheur!

Un goût amer à la nigériane
Le 16 novembre, date d’élections pour élire le nouveau gouverneur dans les états de Kogi et Bayelsa. J’y étais pour ma première expérience d’observatrice d’élections à Kogi. WOW! Quelle journée! J’avoue que j’étais contente et fébrile de sortir enfin de ma bulle d’Abuja et de retourner sur les routes plus éloignées, comme j’avais pu le faire lors de mes précédentes visites au pays (à mon rythme, sans les protocoles de sécurité du boulot auxquels je suis maintenant attachée – et reconnaissante!). M’exposer à nouveau aux scènes locales. Croiser les enfants qui courent, les chèvres qui gambadent gaiement, les marchands et marchés en bord de route, retrouver la verdure & les routes de terre, respirer l’air et prendre le pouls du Nigeria à nouveau.
Mais cette journée restera inoubliable surtout pour d’autres raisons. C’est une chose de lire le déroulement électoral douteux et la liste des crimes et infractions observés dans les médias, mais d’en être témoin en pleine face sous mes propres yeux à de nombreux points de vote (thank god à travers la fenêtre de notre véhicule blindé pour la majorité), c’est disons un autre niveau d’intensité! Sans tomber trop dans les détails ni l’analyse – car ceci n’est pas un blog politique -, disons que cela m’a pris plusieurs jours m’en remettre. Voir des achats de vote à la pointe de couteau. Des gens patiemment en ligne depuis quelques heures sous le soleil et la chaleur voulant simplement exercer leur droit de vote et soudainement devoir se mettre à courir pour éviter les balles perdues provenant des coups de fusils tirés en l’air. Des gens habillés en habit de soldat ou de policier lancer des gaz ou tirer pour disperser la foule pendant que d’autres de leurs acolytes s’enfuient avec les ballots de vote… J’ai eu mal à mon Nigeria en ce samedi du 16 novembre 2019. J’ai remis beaucoup de choses en question dans les jours qui ont suivi. Mais de parler avec plusieurs ONGs locales qui depuis de nombreuses années concentrent leurs efforts afin de participer aux réformes du système électoral et d’encourager la démocratie et la bonne gouvernance m’a soulagé à nouveau. Les Nigérians sont résilients!

Typhoïde-o-thon
L’adrénaline tombée, les réunions de débriefing terminées, j’ai savouré une salade sur le bord de la piscine au Hilton, entourée d’une centaine de nigérians qui y viennent s’y prélasser en famille les dimanches après la messe. J’ai hélas trouvé une larve ou ver ou whatever bibitte grouillante sur une feuille dans la dite salade… Fastforward au 25 novembre…
Fiévreuse et faible, je me présente donc à l’hôpital turque – une première fois d’une longue série. (je vais vous épargner tous les détails – nous ne sommes pas dans un épisode de Trauma ni Grey’s Anatomy). Après quelques tests, le diagnostic tombe: la fièvre typhoïde. Une semaine au repos complet à la maison et sous médicaments.
Quelques jours passent et je commence à me sentir mieux. Yé! Je retourne au boulot le lundi suivant, mais mon niveau d’énergie lui n’est toujours pas revenu. Les symptômes reviennent. Je retourne donc à l’hôpital turque. D’autres tests. Le même docteur me dit que j’ai encore la typhoïde et me donne un nouveau traitement. Une semaine passe encore et toujours la même chose. Je me sens mieux pour quelques jours et soudainement les symptômes reviennent. Je retourne donc encore une fois voir le même docteur. (Note au lecteur: ce n’est pas comme si on avait beaucoup de choix de cliniques à Abuja…) Cette fois-ci, il me fait voir un spécialiste ENT qui parle à peine anglais. Quand je lui dis que je suis malade depuis le 25 novembre (3 semaines+), il me répond: “oh October, September, November, so 3 months sick?” (facepalm x 1000). Je repars donc de l’hôpital bredouille et un peu beaucoup à boute.
… Comme cette aventure typhoïdienne-pas typhoïdienne-typhoïdienne se poursuivra sur près de trois mois… (je viens de vous révéler le punch, mais rassurez-vous je ne meurs pars à la fin)… la suite dans ma prochaine chronique #Abujaserie!
