Récemment de passage à Montréal, les membres de l’Orchestre Tropicana d’Haïti ont été accueillis à l’hôtel de ville par Denis Coderre, nouveau maire de Montréal, et Diane De Courcy, ministre de l’Immigration, Culture et de la Charte de la langue française du Canada, pour la signature du livre d’or, et ont également reçu une plaque d’honneur du Consulat Général d’Haïti à Montréal, commémorant leur 50 ans de carrière et soulignant l’immense fierté de la communauté haïtienne envers cet Orchestre mythique au cœur du patrimoine culturel et musical haïtien.
Son 50ième anniversaire a également été célébré à Ottawa lors du Gala Tropicana organisé par le Comité 50e Tropic et le Club de soccer Les Bolides d’Ottawa, au grand bonheur des haïtiens et autres fanatik ayiti de la région. J’aurais bien aimé être de la partie d’ailleurs, mais faute d’avoir un charmant cavalier – payer près de 100$ pour rester assise sur le bout de ma chaise en me dandinant et tapant du pied ne m’excitant guère -, je me suis cette fois-ci abstenue. Surtout que lors de mon séjour au Cap Haïtien en août dernier, j’avais eu la chance et l’honneur d’assister à leur concert gratuit donné en plein air à Place d’Armes, lançant les célébrations de leur 50 ans là où tout a commencé. Alors ce souvenir estival me console, car j’avoue que je surfe encore sur cette vague!
En effet, lors de mes vacances au Cap Haïtien, ce concert clôturait une autre mémorable journée à l’haïtienne, où j’avais entre autres magasiné pèse-bananes & épices au Marché de fer et erré dans les rues de la ville sous la pluie, en y croisant une dame qui vendait du Royal, délicieux mamba étalé sur un morceau de kassav que j’avais savouré avec une bonne prestige byen glace tout en me baladant à la place d’artisanat tout près de Feu Vert, et suivi de bâtons de cannes à sucre fraîchement coupés que j’avais engloutis comme dessert en regardant un match de foot local, sous le regard amusé des partisans!
Depuis quelques jours déjà, l’ambiance était à la fête dans les rues du Cap. De nombreuses banderoles blanches et bleues souhaitant un joyeux 50ième anniversaire à Tropicana étaient accrochées partout dans la ville. Les mélodies provenant d’un des 32 albums de l’Orchestre jouaient à tue-tête dans les maisons et les taptaps. Il y avait aussi beaucoup de va et vient au Club Tropicana, là où le 15 août avait aussi lieu le Bal Tropic.
Quelques heures avant que l’Orchestre monte sur scène, de nombreux marchands avaient déjà installé leur stand de boissons, cubes maggi, bijoux et autres à la Place d’Armes, alors que les organisateurs s’afféraient aux derniers préparatifs – incluant l’assemblage de la scène, et que plusieurs admirateurs avaient déjà pris place afin de s’assurer une vue privilégiée parmi les milliers de gens qui allaient assister à la prestation de leur groupe fétiche. Tous étaient impatients, moi y compris.
Pour l’occasion, j’avais même sorti ma tite camisole en paillettes! Quelle joie d’entendre les premières notes de Tropic en se frayant un chemin parmi la foule déjà excitée. Quelle ambiance à la Place d’Armes! C’tait chaud! Imaginez des milliers de personnes de tous âges, entassées, se balançant, dansant aux rythmes de cet Orchestre légendaire! Comme une immense piscine à vague humaine. Sourire aux lèvres, cœur léger, je dansais moi aussi. (Petite note: disons que ce séjour m’a permis d’affronter ma gêne des dancefloors. Si j’avais passé le chapeau à chaque fois qu’on me regardait danser avec un tit sourire (ou carrément l’envie de rire) lors des soirées musicales haïtiennes où j’ai participé, j’aurais certainement financé ma prochaine escapade en Haïti…)
Seul bémol à ma soirée: à un moment donné, voulant voir de plus haut, nous sommes grimpés sur un des murets de pierre entourant un arbre. ERREUR! Je crois que j’ai pilé dans un nid de fourmis en gougounes, et résultat: 30 minutes à avoir les pieds en feu et essayer de calmer les brûlures et picotements en les arrosant et sautillant – tenter après ça d’expliquer que ‘’ne-non c’est pas comme ça que je danse!’’ aux gens autour qui regardaient un peu perplexes!. Disons que ça m’a un peu coupé mon fun, mais la joie est vite revenue avec une prestige byen glace, des feux d’artifice, et l’énergie contagieuse de Tropicana et la foule.
Qui dit rassemblements en Haïti, dit souvent… Alors que les esprits étaient bien échauffés, certains commençaient à se bousculer. Vers les petites heures du matin, la police a tiré quelques coups de feu dans la foule pour calmer les ardeurs et disperser les groupes. Certains habitués m’ont dit qu’ils voyaient ça comme la finale du concert, et je cite ‘’l’atteinte de l’orgasme musical’’. D’autres m’ont plutôt confié que cela leur faisait peur car ça excitait encore plus la foule. Moi, je penchais un peu plus vers la 2ième version, surtout après qu’une bagarre ait éclatée près de nous. J’ai pris ça comme mon cue pour rentrer, un peu déçue de manquer les dernières chansons. Hop! en taxi-moto vers Habitation Jouissant, charmant endroit où je logeais au Cap. Voilà alors que ma soirée n’était pas finie. Tropicana m’avait réservé une autre surprise! En direct de la terrasse de l’hôtel, perchée dans la montagne et offrant une superbe vue nocturne sur la ville et la scène et Place D’armes éclairées, j’entendais jouer les notes des dernières chansons.
Cette nuit-là, je me suis donc endormie vaguant sous les airs de l’Orchestre Tropicana, et songeant aux propos d’un sage ami haïtien qui m’avait prévenu que j’allais tellement vivre une expérience intense au concert en plein air, que probablement j’aurais pas besoin d’aller au Bal. Il avait raison, j’étais si satisfaite et heureuse de ma soirée que j’ai longtemps planné en me remémorant les points forts de ma soirée du 13 août dernier.
Bon fet Tropic! Quel plaisir d’avoir pu célébrer avec vous vos 50 ans de carrière! À bientôt! 🙂
Tres beau recit / texte, bravo!
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Aww mesi! Ça me fait plaisir que tu aimes ce récit! 🙂
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